Evelyne Kestemberg, née Hassin
Psychanalyste, elle est née à Constantinople en 1918 d’un couple de commerçants juifs (père turque et mère russe) qui fuyait la révolution ; elle est morte à Paris en 1989. Elle était Membre titulaire de la Société Psychanalytique de Paris qu’elle a présidée de 1971 à 1973.
Elle a grandi à Paris où elle est arrivée peu après sa naissance. Elle obtient une licence de philosophie, s’engage dans la résistance, puis fuit la France occupée en 1942 ; c’est alors qu’elle rencontre Jean Kestenberg sur le bateau vers Casablanca ; ils embarquent ensuite tous deux pour le Mexique où ils se marieront en 1944 (c’est à cette occasion qu’un employé de l’ambassade de France transforme le nom de Kestenberg en Kestemberg, qui restera l’orthographe admise pour Evelyne et leur fille, Catherine).
Suivant Jean dans son engagement, elle adhère au Parti communiste français qu’elle quittera comme lui en 1956.
AnalysĂ©e après la guerre par Marc Schlumberger, elle devient Membre adhĂ©rente de la SPP, puis première femme non-mĂ©decin Membre titulaire – exceptĂ©e Marie Bonaparte – en 1963.
Elle pratique l’analyse d’enfants et l’analyse de groupe, puis crée, avec Serge Lebovici, René Diatkine, puis Jean Kestenberg le psychodrame psychanalytique individuel. Elle rejoint Lebovici et Diatkine plus tard lors de la création du Centre Alfred Binet. Elle participe auprès de Raymond de Saussure à la fondation, en 1969, de la Fédération Européenne de Psychanalyse, dont elle sera la première Secrétaire.
Après la mort de Jean Kestenberg en 1975, elle reprend la direction du Centre de Psychanalyse et de Psychothérapie au sein de l’Association de Santé Mentale du XIIIème arrondissement. Elle y fonde la revue « Les Cahiers du Centre de Psychanalyse et de Psychothérapie » qu’elle dirige en étroite collaboration avec Alain Gibeault, Colette Guédeney et Benno Rosenberg. Elle en fait le formidable outil de traitement et de formation qu’il est resté jusqu’il y a encore quelques années.
Ses articles « L’identité et l’identification chez les adolescents » et «La relation fétichique à l’objet», ainsi que son travail sur l’anorexie, La faim et le corps, écrit avec Jean Kestenberg et Simone Decobert, font date.
Principaux travaux
•   « L’identitĂ© et l’identification chez les adolescents. Problèmes thĂ©oriques et techniques », in La psychiatrie de l’enfant, 5-2, V, 441-522, 1962.
•   Avec Jean Kestenberg et Simone Decobert, La faim et le corps, Paris, PUF, 1972.
•   « La relation fétichique à l’objet », in Revue Française de Psychanalyse, XLII, 2, 1978.
•   Autrement vu : Des psychanalystes observent les relations mère-enfant Paris, PUF, 1981.
•   Avec Philippe Jeammet, Le psychodrame psychanalytique, Paris, PUF, « Que sais-je ? », 1987.
•   ÉditĂ© par Liliane Abensour, L’Adolescence Ă vif, Paris, PUF, 1999.
•   Édité par Liliane Abensour, La psychose froide, Paris, PUF, 2001. 
Sur Evelyne Kestemberg
• Liliane Abensour, Évelyne Kestemberg, Paris, PUF, 1999,
Â
Jean Kestenberg
Psychiatre et psychanalyste, il est né à Kielce, en Pologne, dans une famille de la bourgeoisie juive pratiquante, le 11 décembre 1912 ; il est mort le 25 août 1975 sur une route du midi de la France. Il était Membre titulaire de la Société Psychanalytique de Paris.
EngagĂ© dans le Parti communiste clandestin  dès l’âge de 14 ans, il quitte la Pologne dans les annĂ©es trente pour pouvoir faire des Ă©tudes de mĂ©decine Ă Paris, ce qui lui est interdit en Pologne en raison du numĂ©rus clausus imposĂ© aux juifs. EngagĂ© comme mĂ©decin dans les Brigades internationales de la guerre d’Espagne en 1937, puis dans l’armĂ©e française en 1939, il est par la suite actif dans la rĂ©sistance. Il fuit la France occupĂ©e en 1942 ; il rencontre alors Evelyne Hassin (cf. supra).
Après la guerre, Jean Kestenberg, toujours engagé dans le Parti communiste, naturalisé, soutient la première thèse de Médecine du travail présentée en France. Assistant de Louis Le Guilland à l’hôpital psychiatrique de Villejuif, il est le premier à faire donner aux patients un couteau pour leurs repas.
AnalysĂ© dans ce mĂŞme après-guerre par Jacques Lacan, il devient Membre adhĂ©rent de la S.P.P. en 1953, puis Membre titulaire ; il milite pour l’introduction de la psychanalyse adaptĂ©e aux patients psychotiques. Il est en 1962 le premier laurĂ©at du Prix Maurice Bouvet pour son article Ă€ propos de la relation Ă©rotomaniaque. Il prĂ©sente avec Evelyne le rapport du Congrès des Psychanalystes de Langues Romanes de 1965.
Entretemps, il contribue, avec Serge Lebovici, René Diatkine et Evelyne Kestemberg, à l’invention et à l’essor du psychodrame psychanalytique individuel.
En 1974, il crée avec René Angelergues, Médecin directeur de ce qui est devenu aujourd’hui l’ASM 13, le Centre de Psychanalyse et de Psychothérapie ; leur idée est de donner au traitement psychanalytique des patients psychotiques une autonomie par rapport à l’hôpital et à la consultation psychiatrique. A sa mort en 1975, Evelyne prendra sa suite à la direction du futur Centre Evelyne et Jean Kestemberg.
Principaux travaux
•   « À propos de la relation érotomaniaque », in Revue française de psychanalyse, XXVI, 5, 1962. Prix Maurice Bouvet.
•   « Contribution à la perspective génétique en psychanalyse », Rapport au Congrès des Psychanalystes de Langues
Romanes, in Revue Française de Psychanalyse, XXX, 5-6,
1966.
•   « Propos sur le rĂ´le d’un psychanalyste dans une institution 
psychiatrique » in L’Evolution psychiatrique, 36, 3, 1971
•   Avec Evelyne Kestemberg et Simone Decobert, La faim et le 
corps, Paris, PUF, 1972.